petit plaisir dominical
Oui je sais : un Xavbidule ça va rien poster pendant des mois et là y a deux posts le même jour. "Trop abusé" diraient les loulous d'aujourd'hui.
Petit test sur le cadrage. Je ne voulais pas mettre de cadre mais force est de constater que le blanc un peu trop présent de la neige l'impose je pense. Je l'ai fait à main levée, je trouve que ça rend mieux que les cadres automatiques. Bref, c'est une affaire à suivre.
~ fierté et petit jus à la fraîche ~
Mireille, du haut de ses sept hivers, regardait sa mère parler sans s'arrêter. Le dimanche, au village, elle était toujours très dure, et n'aimait pas beaucoup se mêler aux autres. Elle était toujours sèche avec eux, et ne parlait que pour dire des choses utiles. Son grand plaisir dominical donc, c'était de vite quitter tout ce monde pour se retrouver seule avec ses enfants et leur parler. C'était le moment où elle ne s'arrêtait plus, un vrai moulin. Cela avait même quelque chose de magique. En tout cas, Hugo et Mireille étaient bien les seuls à voir leur mère sous un autre jour grâce à ces instants. Une fois rentrés à la maison, la vie reprenait son cours normal. Mais sans Papa.
Alice n'était pas comme cela avant. Tous auraient dit qu'elle était "lumineuse", c'était ce qui lui allait le mieux. Mais la guerre, son mari arraché qui était tout, absolument tout pour elle, cela l'avait profondément chamboulée. Il ne restait que ce petit oasis, le temps d'une fin de matinée, après la messe, pour lui rappeler à elle-même qui elle était.
En réalité, si Alice n'aimait pas ses réunions post-prière, c'était par jalousie. Son mari ne savait pas écrire, ou très mal, et en avait terriblement honte. Si honte qu'il le cachait. Et donc, pas de lettre. Il aurait très bien pu demander à un confrère de l'aider, mais elle ne le connaisait que trop bien, il en était incapable. On l'aurait forcé à se dévoiler qu'il se serait enfermé dans un mur de brique. Alice savait que cela était si important qu'elle se refusait à le dire aux autres villageois. Pas de lettre donc, juste une fidélité éternelle des deux côtés, et une jalousie féroce, qu'elle gardait en elle, camouflée sous une carapace de pierre.
Ce jour-là, Hugo était resté à la maison avec sa grand-mère parce qu'il était malade. Mireille se risqua donc à lui poser une question.