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xav bidule
7 décembre 2014

Il y a trois ans j'ai attaqué une série

Il y a trois ans j'ai attaqué une série d'illustrations en recherchant une cohérence entre elles. Je me suis forcé aussi à écrire un petit texte accompagnant ces dessins, afin de travailler l'écriture qui reste un exercice peu évident.

C'est alors que parmi ces premiers dessins j'en fis un représentant une femme marchant seule sur un chemin et que j'ai maladroitement appelé à l'époque « la Mère marcheuse ». Tout de suite elle s'imposa comme le point central à toutes mes histoires, le personnage qui raconterait toutes les histoires que j'ai écrites mais qui aurait aussi la sienne, qui se déroulerait entre deux contes. Cela permettrait d'introduire tous mes contes par une histoire en trame de fond.

 

L'an dernier, j'ai envoyé sans trop y croire deux contes et les deux illustrations associées à une personne travaillant dans une boîte d'édition très connue, une dénommée Elodie Boivard, que j'avais rencontrée pendant le travail (elle faisait une intervention dans les écoles pour promouvoir la littérature de jeunesse). Je me suis aussi amusé à les articuler ensemble en utilisant la Mère marcheuse qui racontait ces deux histoires. La réponse de madame Boivard fut des plus étonnantes.

Déjà pour commencer elle m'a répondu, ce qui était tout à fait inespéré ! Elle voulait me revoir personnellement. Vous imaginez bien que j'étais particulièrement enthousiaste mais j'essayais de garder mon calme.

Madame Boivard m'expliqua qu'elle trouvait mon travail intéressant mais qu'il fallait que j'améliore certains points sur l'écriture et la régularité sur la qualité des illustrations. Dans l'immédiat ce que je faisais avait donc été officiellement jugé comme « intéressant mais demande encore du travail ».

 

La véritable raison du rendez-vous était des plus étranges : c'était la Mère marcheuse qui l'intriguait. En effet, elle m'avait demandé où j'avais tiré mon inspiration de ce personnage. J'étais bien en peine de lui répondre. Je n'avais vraiment pas la prétention de dire que ce personnage était totalement inédit, j'avais très certainement été inspiré par je ne sais quoi, mais hélas j'étais bien incapable de lui dire quoi exactement.

C'est là qu'elle sortit un dossier de son sac, avec des reproductions de gravures, très jolies, qui donnaient l'impression d'avoir été faites au temps du Moyen Age mais qui me laissaient à penser qu'elles étaient plutôt le fruit d'un graphiste de notre époque. Il y avait aussi d'autres illustrations, dans des styles très variés. Toutes avaient pour point commun qu'elles représentaient une femme, vêtue modestement.Il y avait des textes associés, dans différentes langues : Die Landstreicherin, Récit d'une errante, Tale of a mysterious mother, ボイジャー, …

Madame Boivard m'expliqua que les contes présents dans ce dossier avaient été écrits par des auteurs différents, un peu partout dans le monde et à des époques différentes. Le plus vieux remonte à... plus de quatre siècles ! J'étais très perturbé dans un premier temps, puis je relativisai, me disant qu'après tout nous n'avions fait qu'utiliser un procédé narratif qui semblait pratique et qui permettait de lier toutes nos histoires ensemble, rien de bien original en somme. L'image de la mère n'avait rien d'original non plus.

Seulement le doute vint lorsque mon interlocutrice m'expliqua que la similitude allait plus loin. Tous les textes proposés, je dis bien tous, présentaient un élément d'histoire commun : le passage dans l'auberge. Cet événement, je l'avais écrit, parce que c'était un peu intriguant et je m'étais dit que ça allait donner un peu de corps au personnage. J'avais donné quelques détails sans insister. Madame Boivard me montra alors les différents passages des textes écrits par les autres auteurs. Certains étaient énormément détaillés, et j'hallucinais de voir à quel point tout ce que j'avais imaginé sur ce moment avait déjà été écrit dans les moindres détails. Certains étaient même allés très loin, apportant des compléments très intéressants et que je trouvais parfaits pour ma Mère marcheuse.

 

Madame Boivard avait voulu me voir pour tenter de percer le mystère de ce personnage qui traversait les époques. Je lui expliquai donc qu'aucun des récits présentés sur cette table ne m'était connu. Je n'avais fait qu'ajouter un élément de plus à son dossier.

Quand à moi, depuis ce jour, je continue d'écrire, mais me demande si ce que j'écris vient bien de moi. Et lorsque j'ajoute des éléments sur ma Mère marcheuse, j'ai la terrible impression de ne rien inventer. C'est assez terrible en vérité.

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xav bidule
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